Tracts (N°29) - Ce que le militantisme fait à la recherche

Tracts (N°29) - Ce que le militantisme fait à la recherche

1 vote

« À cumuler la posture du chercheur qui étudie les phénomènes avec celle de l’acteur qui tente d’agir sur eux, on ne fait que de la recherche au rabais et de la politique de campus. » Nathalie Heinich

Nous pensions en avoir presque fini avec la contamination de la recherche par le militantisme. Mais le monde académique que nous dessinent les nouveaux chantres de l’identitarisme communautariste n’a rien à envier à celui que s’étaient jadis annexé les grandes idéologies. Nos « universitaires engagés », trouvant sans doute que voter, manifester, militer dans une association ou un parti ne sont pas assez chics pour eux, tentent de reconquérir les amphithéâtres et leurs annexes. Obnubilés par le genre, la race et les discours de domination, ils appauvrissent l’Université de la variété de ses ressources conceptuelles. Qu’il soit la source ou l’écho de cette nouvelle dérive, décrite ici dans toutes ses aberrations, le monde social que ces chercheurs-militants s’attachent à bâtir s’avère à bien des égards invivable, habité par la hargne et le désir insatiable de revanche.

Détails du livre

À propos de l'auteur

Nathalie Heinich

Nathalie Heinich, sociologue au CNRS, est l’auteur d’une quarantaine d’ouvrages sur le statut d’artiste et l’art contemporain, l’identité, les valeurs et l’épistémologie des sciences sociales, parmi lesquels « La Sociologie de Norbert Elias » (La Découverte-Repères, 1997), « Ce que l’art fait à la sociologie » (Minuit, 1998), « Pourquoi Bourdieu » (Gallimard, 2007), « Le Bêtisier du sociologue » (Klincksieck, 2009), « La Sociologie à l’épreuve de l’art » (Les Impressions nouvelles, 2015), « La Cadre-analyse d’Erving Goffman » (CNRS éditions, 2020).

Commentaires

sport de combat

« Le livre se dévore rapidement car il renseigne sur l'état d'un "sport" (la sociologie) inconnu du public non averti (moi en l'occurence).
"En même temps", les résultats de cette dérive que vous décrivez se retrouvent tous les jours dans la façon dont de nombreuses fausses vérités sont imposées au public non averti par des "scientifiques" souvent auto-proclamés.
Vous avez raison de revendiquer le travail pour la recherche et pas seulement l'imposition de vérités prédéfinies.
Vous avez raison de rappeler que tous ces gens sont payés par nos impôts et que le moins que l'on puisse leur demander, c'est d'être rigoureux dans les moyens de leur recherche, sans finalité prédéfinie car c'est bien le propre de la recherche.
Une critique, toutefois, concernant le problème Palestinien, que vous citez implicitement ou explicitement plusieurs fois, en vous situant clairement d'un côté. Vous en avez le droit, bien sûr, mais, comme cous l'expliquez par ailleurs, ce faisant vous oubliez d'en faire l'analyse (mais ça n'était pas l'endroit) et vous adoptez une position tendancieuse.
Je m'explique : vous citez Houria Bouteldja : « On ne peut pas être israélien impunément » et vous démontez sa prise de position, sans parler du problème posé par cette candidate du concours Miss France qui était effectivement Israélienne et Française. Celle-ci avait plusieurs options pour lever l'ambiguïté si difficilement vécue à ce moment là : renoncer à sa nationalité israélienne aurait été une décision salutaire (mais on peut comprendre que ce ne soit pas simple).
Pourquoi parler, à ce propos, des passés coloniaux de la France, ou d'autres pays, alors qu'un seul exemple est parlant : l'Afrique du Sud et son apartheid proclamé. Que ce serait-il passé, en France, si la candidate de l'election Miss France avait été de double nationalité, Française et Sud-Africaine?
Voilà la seule erreur qui, à mon sens, dénature un peu votre revendication par ailleurs totalement justifiée.
Merci
François BOHY
»